Musicothérapie et Ouverture des canaux de communication

Musicothérapie et Ouverture des canaux de communication

Répondre aux  besoins essentiels des personnes les plus démunies.

Cet article a pour intention de  vous apporter les éléments de base pour une juste compréhension, à la fois, du haut niveau de formation exigé de la part du musicothérapeute, et aussi, de ce en quoi la musique est un puissant support pour l’évolution de la relation thérapeutique.

Les personnes les plus démunies (déficience soulignée, au niveau de leur communication, de leur expression corporelle, émotionnelle, affective, voire porteuses d’un handicap physique, intellectuel, mental, et pour certaines, privées de la parole, souffrant de symptômes d’isolement, d’agressivité) ont des besoins essentiels  auxquels le musicothérapeute se doit de répondre.  Je  ne parle pas ici, des besoins évidents de nourriture, de soins du corps, et de repos, indispensables à chaque être humain.  Non, ce dont je veux parler, dans cet article,  en tant que musicothérapeute, ce sont des besoins essentiels tels que ceux, de trouver la sécurité intérieure (réduction de leurs tensions), de recevoir la reconnaissance de leur propre personne (se sentir respectées dans leur rythme, acceptées dans leur différence, dans leur droit à l’émotion, à l’existence ) / d’être libérées du carcan des jugements de valeur  qu’elles ressentent trop souvent à travers le regard ou le contact corporel des autres (humiliation et stress constituant un frein aux énergies) / de pouvoir exprimer leurs ressentis les plus profonds.  La satisfaction de ces besoins essentiels apportera l’énergie nécessaire à ces personnes démunies pour qu’elles puissent développer des relations de confiance équilibrées avec leur entourage, et retrouver ainsi le désir de communiquer, le goût de vivre.

L’objectif de cet article est précisément de vous aider à comprendre, en quoi le musicothérapeute, par le biais du support sonore et musical, et d’une relation thérapeutique structurante, peut apporter une aide précieuse à la satisfaction de ces besoins essentiels ainsi définis.    Comprenez bien, qu’en travaillant avec ces personnes les plus démunies, l’objectif premier du musicothérapeute n’est pas en réalité la communication / sa priorité, c’est de renforcer  la possibilité d’une relation authentique avec la personne / cette relation étant établie, il travaillera dans un second temps à élargir au maximum le champ d’expression émotionnelle de cette personne (n’oublions pas qu’au centre de toute relation se trouve le phénomène émotionnel) / et ce n’est qu’en fin de cheminement, qu’il pourra envisager la facilitation de la communication.

 « Être en relation », c’est être en contact avec, être relié à …, mais pour que le Sujet puisse exister véritablement dans la relation, il faut qu’il s’y sente reconnu dans ce qu’il est, reconnu comme une personne à part entière, et non défini par sa déficience. Cette reconnaissance est la condition sine qua non au développement futur de toute communication / le Sujet doit avoir le temps et l’espace, dans la relation établie,  de mesurer sa distance par rapport au thérapeute, et d’y trouver réellement sa place.

Avant d’aborder la relation thérapeutique elle-même, disons quelques mots sur la musicothérapie. La musicothérapie trouve ses racines, dans le monde sonore qui constitue notre environnement (Identité sonore, ISO, définie par Rolando BENENZON, psychiatre argentin, pionnier de la musicothérapie), dans les résonances diverses qui nous envahissent et nous traduisent : résonance de notre prénom, de notre propre voix, de celles, de ceux qui nous entourent, résonance des sons divers (y compris ceux de notre langue maternelle), des bruits (internes et externes), des cris, du silence, des soupirs, du souffle, de la respiration, du mouvement, des gestes (« le geste, en musicothérapie, est compris comme élément du complexe Son/Être humain /Son»  Gérard DUCOURNEAU, responsable de la formation AMBx), des rythmes, des mélodies (y compris notre propre mélodie intérieure), de la musique, des vibrations, de la parole… sans oublier l’intégration d’éléments tels que le temps, l’espace, l’intensité, l’harmonie, le regard, le toucher…  

   Tout ceci a un rapport avec notre propre histoire ! Et en  travaillant sur l’ensemble de ces éléments, nous rencontrerons inévitablement l’histoire du Sujet en question, nous allons le dégager progressivement de son plus ou moins grand degré d’isolement  (isolement dû précisément à une rupture de certains de ses canaux de communication), nous ferons  avancer plus conséquemment le processus évolutif, et nous allons pouvoir lui faciliter ainsi l’ouverture de nouveaux canaux de communication.

Alors, bien sûr, ce n’est pas parce que l’on met de la musique, ou que l’on produit de la musique, qu’on devient musicothérapeute, soyons clair ! Le musicothérapeute n’est pas là pour déclencher sur commande des émotions, ni pour créer un conditionnement, ou une dépendance à la musique (en musicothérapie, il n’est pas question de pharmacopée musicale, mais d’éveil, de présence à vivre, d’élargissement du sens, de résonance).  Une solide formation est indispensable pour mettre en œuvre une véritable action thérapeutique, à partir du support sonore et musical.  Le musicothérapeute est avant tout, un thérapeute, c’est-à-dire une personne qui a engagé un travail de fond sur soi, sur sa propre résonance au monde sonore et à la musique, et sur la compréhension de sa propre mise en jeu dans le registre corporel qui est sollicité en permanence dans l’action thérapeutique en musicothérapie. En effet, sans la médiation de l’engagement corporel, les Sujets les plus démunis seraient privés d’un champ infini d’émotions nécessaires à leur équilibre psychique, et à la conservation de leur motivation vitale. L’émotion est une expérience vitale pour la relation, elle constitue le socle de la communication humaine.

           Entreprendre une formation de musicothérapeute, c’est vouloir assumer sa propre histoire, inscrite dans son corps, dans sa voix, dans son langage. C’est aller vers la compréhension de ce qui nous véhicule dans le sens, dans la présence à nous-même. Le travail sur l’écoute de soi est le passage obligé pour une véritable écoute de l’autre. Écouter l’autre, c’est ne pas le définir, c’est lui donner un espace pour qu’il se sente exister, c’est lui donner sa place pour qu’il puisse affirmer sa différence, exprimer sa force, comme sa vulnérabilité, sans aucune trahison de soi, ne se sentant pas jugé, mais reconnu.

Dans ce type de travail, à l’évidence, le musicothérapeute doit avoir d’abord éprouvé lui-même, de façon très pointue, ses propres écrans défensifs, ses propres résistances ancrées dans le corps / afin de pouvoir affronter tout ce qui peut le « remuer » dans sa relation au Sujet. Le musicothérapeute doit savoir où il en est lui-même, de son propre corps, de sa respiration, de sa voix, de son regard, de son toucher, de sa vulnérabilité, de sa force, de ses émotions / savoir aussi, où il en est avec le bruit, le silence, avec la vie, avec la mort. C’est uniquement dans ces conditions que les mises en jeu dans le registre corporel permettront progressivement au Sujet de retrouver réellement le sens de ce qu’il a de meilleur en lui. On ne s’aventure donc pas musicothérapeute, on se forme, et on se forme encore et en-corps !

Mais parlons un instant de la musique,  et accueillons quelques vibrations à son encontre :

« La musique mobilise le mental et l’affectif, c’est un rapt qui n’en finit pas.»   Pierre Schaeffer

« La musique renvoie à une infinité de  richesses de sens, implicites et latentes, qui sommeillent en elle… la musique accumule dans ses notes une inépuisable possibilité d’émotions… elle se prête à d’innombrables associations,… » Vladimir Jankelevitch 

« La musique est un labyrinthe où l’on n’a jamais fini d’entrer et de sortir, de découvrir de nouveaux chemins, dont on n’a jamais épuisé le mystère. »   Pierre Boulez

«  La musique nous fournit la matière d’une reconnaissance… elle a  le pouvoir de faire ressurgir en métaphore tous les mouvements pulsionnels, y compris ceux qui sont bruts et originels.»  Guy Rosolato

La musique est vibration, mouvement, elle enclenche en nous les processus de mise en route de notre système émotionnel. Par toutes ses inflexions, ses modulations, ses rythmes, ses mélodies, ses contrastes, elle nous porte, et nous aide à créer un passage pour nos émotions, même les plus enfouies.

La musique nous autorise les sens multiples, elle  nous conduit à une dynamique de changement, et les différentes connexions de sens auxquelles elle nous confronte finissent par débloquer chez le Sujet des énergies contenues / ces énergies libérées peuvent alors se cristalliser, à un moment donné, sur un signifiant bien particulier dans lequel le Sujet va projeter un sens restreint (signifié), le sien, porteur de son affect jusque-là retenu. Guy ROSOLATO l’exprime ainsi : « Les enchaînements sonores prennent une portée signifiante en supportant l’ouverture métaphorique d’une variété indéfinie de signifiés ». Les sons, les gestes, les cris (de l’ordre du signifiant)…,  vont prendre, dans l’agir thérapeutique,  un sens (de l’ordre du signifié), se symboliser en quelque sorte / en ce sens, la musique est libératrice,  et des émotions apparaissent parfois là où l’on s’y attend le moins, au thérapeute d’être prêt à accueillir l’instant.

La musique, du fait de tous ces éléments évoqués, de par sa dimension sensorielle, motrice, affective, relationnelle, de par l’alternance des tensions et des relâchements qui la constituent, de par la mobilisation des affects qu’elle induit, ne peut être qu’un excellent support à notre action thérapeutique, elle nous permet de rencontrer l’autre différemment, de créer des liens nouveaux, et  d’appuyer une plus large expression émotionnelle.  Notre action thérapeutique en musicothérapie va donc s’orienter dans le sens annoncé de satisfaire les besoins essentiels du Sujet. Nous l’avons déjà souligné, l’histoire de chacun est étroitement liée aux résonances diverses qui l’ont « percuté » depuis son enfance, liée à son imaginaire, à sa culture, à sa sensibilité, et dans l’action thérapeutique en cours, les musiques proposées et l’engagement corporel qui y est associé, vont fonctionner comme médiateur facilitant l’expression de l’univers affectif et émotionnel du Sujet (univers nourri par la propre histoire du Sujet).

C’est alors de la responsabilité du thérapeute que de développer avec le Sujet un contact corporel respectueux de sa personne, et structurant un désir de vie. La relation établie par le biais du toucher, de l’engagement corporel, doit rendre le Sujet à lui-même, à ses limites, à son corps, à son sens. Le Sujet doit pouvoir, dans ce type de rencontre,  « s’amplifier » au niveau de son existence, et non s’y perdre ou s’y réduire. La mise en jeu du corps doit lui permettre de réinvestir progressivement son corps, en reliant et en réunifiant ses parties, de se réapproprier une partie du territoire de son intimité, lui permettre aussi de revitaliser son vécu émotionnel, de reconstruire son identité.

La reconnaissance, par le thérapeute, de l’expression du Sujet (en liaison avec les diverses stimulations sensorielles et motrices que le Sujet aura su et pu accueillir), restitue ce même Sujet dans la présence à lui-même, il y puise son énergie pour se restructurer positivement, pour développer une plus grande solidité intérieure sans laquelle il ne pourrait être disponible au changement, ni établir des relations authentiques, intenses. Nous parlons ainsi de relation thérapeutique structuranteL’espace d’expression devient alors ici espace de reconnaissance. Le Sujet ose s’exprimer, parce qu’il se sent profondément reconnu.  Reconnaître l’autre, c’est être témoin de son évolution, être à ses côtés, sans angoisse, sans jugement, c’est lui renvoyer notre résonance, lui confirmer notre écoute, non pas dans une interprétation de son message, mais comme signifiant du respect de sa vie et de ce qu’il en exprime.

Le musicothérapeute est là pour favoriser chez le Sujet la circulation des émotions, toutefois, il est important de le souligner, cette action ne peut devenir structurante, stabilisante, pour le Sujet, que dans l’alternance constante indispensable des tensions et des relâchements, ainsi que dans l’équilibre entre le rapprochement et l’éloignement, dans les différentes mises en acte proposées.  Sans cette alternance parfaitement contrôlée, l’expression des émotions ne pourrait aller totalement dans le sens de la construction souhaitée de l’identité du Sujet, et surtout, ce qui serait purement inacceptable, prendrait le risque de fragiliser encore davantage le Sujet (ce qui ne serait évidemment pas du tout thérapeutique).

La fluidité émotionnelle stimulée dans l’alternance annoncée va enrichir ainsi la rencontre avec le Sujet. Les surtensions, les peurs, le stress, le déséquilibre, les angoisses, les frustrations, les blocages, la souffrance…  perdront peu à peu de leur intensité quand l’écoulement émotionnel va pouvoir se faire, et ce, d’autant plus conséquemment, que le Sujet se sentira profondément respecté dans sa différence.

                         Il va de soi également que le musicothérapeute doit maîtriser parfaitement les transferts et contre-transferts qui s’installent immanquablement dans ce travail autour des émotions  / « exercer sa force sans jamais vaincre, accueillir la force de l’autre sans jamais être vaincu », c’est dans cette dynamique que pourrait se situer une accommodation émotionnelle positive. L’établissement d’une bonne circulation des émotions reste liée à notre propre disponibilité à nous engager dans chaque instant de la rencontre avec le Sujet, au travers de notre propre mise en jeu, dans la dimension corporelle, sonore, émotionnelle (se mouvoir et s’émouvoir), disponibilité inhérente elle-même à notre capacité d’accueil de la différence (dont un des corollaires est la libération de nos propres tensions). Mais s’inscrire dans l’instant n’est pas un acte donné d’emblée, seule sa pratique répétée permet la meilleure accommodation émotionnelle recherchée.

Avec les  personnes les plus démunies, l’écoute musicale associée à un mise en jeu progressive du registre corporel (aussi bien du Sujet que du thérapeute), est privilégiée par rapport à la production  musicale qui reste assez peu accessible à ces Sujets (sauf pour quelques-uns malgré tout). Les musiques proposées viennent soutenir le souffle, la respiration, la relaxation, faciliter le mouvement de la vie en soi (fusse-t-il infime dans certains cas), la circulation des émotions / viennent stimuler le niveau sensoriel, la conscience du corps, la pensée, l’imagination, les échanges, la communication /  viennent enrichir le pouvoir d’écoute, d’attention, de concentration, libérer les capacités créatrices, et surtout, renforcer la relation, ouvrir des espaces d’ouverture à soi-même, et à l’autre.

Nous travaillons l’ouverture tous azimuts : ouvrir l’espace du souffle, du geste, du mouvement, du regard, du toucher, de la voix, de l’écoute, l’espace d’expression des ressentis, dans un renforcement de la multiplicité des réponses possibles. Ce travail d’ouverture doit s’inscrire, pour le Sujet, parallèlement à un travail sur l’acceptation de ses propres limites, sur l’acceptation de son propre corps, et dans un sentiment profond de reconnaissance / de cette manière, il sera en mesure de « naître à plus de vie », et c’est bien là le sens de notre démarche thérapeutique en musicothérapie, aider le Sujet à croître dans l’expression de son « être », soutenir son désir de vie.  La mise en jeu du corps, le corps à corps en quelque sorte, obligent le Sujet et le thérapeute « à être vrais », comme le disait si fortement Françoise DOLTO.  Bien entendu, la question des limites entre le possible et l’interdit du contact corporel, du toucher, est sans cesse posée / l’altérité structurante passe impérativement par le refus de notre part de la relation symbiotique, de la fusion, de la confusion. Toute organisation relationnelle doit être clairement délimitée, mais perméable aux échanges d’éprouvés divers.

                     Dans la relation avec le Sujet, toute une part d’insaisissable résonne à travers ses gestes, les sons qu’il émet, ses intentions / au musicothérapeute de tenter de réduire cet écart de l’incompréhensible, de saisir une part de l’insaisissable ! Il s’agit d’établir une relation de réciprocité dans laquelle le Sujet éprouvera peu à peu la différence, la limite entre lui et nous, et se repèrera progressivement comme Sujet. Certes, la relation, avec un Sujet psychotique, ou avec un Sujet atteint de polyhandicap, est loin d’être un espace maîtrisé, mais la vie doit s’y glisser en permanence, au thérapeute d’être prêt à accueillir « ce qui fait signe dans les infinis du détour de l’agir » comme le soulignait si bien Fernand DELIGNY.  Ce qui est porteur dans la mise en jeu du registre corporel, appuyée par la relation thérapeutique, c’est qu’elle permet plus rapidement un soulagement de la charge émotionnelle, et facilite la restitution du sentiment d’intégrité, et d’identité, pour le Sujet.

Il nous est possible parfois, avec des Sujets ayant accès à la fonction symbolique, d’entreprendre un travail de visualisation positive / à la suite d’un travail sur la relaxation, quand nous sentons le Sujet bien détendu, relâché, dans un état de bien-être, nous lui demandons de repenser alors à son vécu  d’engagement corporel dans telle ou telle mise en acte qu’il a semblé apprécier ( massages, portées dans les bras ou sur le dos, sur les épaules, roulades sur le tapis, sur un gros ballon , poussées dos à dos, étreintes…) / nous lui repassons alors la musique appropriée utilisée précédemment, et c’est ainsi que nous pouvons constater à ses réactions qu’il revit, avec bonheur, mentalement, les expériences et les émotions éprouvées / la visualisation est capable de créer ainsi  une énergie nouvelle pour le Sujet.

                          Voilà… Cette présentation quelque peu étayée de la musicothérapie a très certainement un caractère, malgré tout, éminemment réducteur, j’en conviens volontiers, mais elle a au moins le mérite, je l’espère,  de poser  les éléments de base pour une compréhension professionnelle de cette thérapie, et de vous aider sans doute, à mieux cerner en quoi la musicothérapie peut contribuer à satisfaire les besoins essentiels précédemment définis de ces personnes les plus démunies que nous prenons en compte.  Restons réalistes cependant, et sachons surtout être patients ! Nous savons bien que les étapes nécessaires dans toute relation, naître, grandir, et vivre, exigeront chacune beaucoup plus de temps avec ces Sujets, du fait de l’importante réduction de leur potentiel physique et intellectuel, mais privilégions l’instant, et donnons-lui  une intensité telle qu’elle puisse en oblitérer la durée !  En lui permettant d’entrer plus à fond dans son corps, en libérant son geste, en élargissant les sons, en lui permettant d’oser aller là où il n’avait pas l’habitude de s’engager, de s’arrêter là où il ne faisait que passer, le Sujet, très progressivement, va pouvoir d’une certaine façon, quelque part, se définir lui-même (trop souvent ce sont les autres qui le définissent), il va pouvoir aller plus loin dans l’expression de ses ressentis, s’approcher au plus près de lui-même.   N’est-ce pas un peu cela être libre ?   C’est Richard BACH, dans « Jonathan Livingston le Goéland », qui fait dire à Jonathan, s’adressant à son élève Fletcher : « Continue de découvrir par toi-même chaque jour un peu plus… Apprendre, découvrir, être libre, c’est une raison de vivre… ».   Une merveille ce petit ouvrage de Richard Bach !

                  Je conclurai cet article en soulignant combien, parallèlement aux mises en jeu corporelles permanentes autour de la musique, les messages verbaux de reconnaissance adressés au Sujet restent nécessaires pour nourrir la relation. La verbalisation positive du thérapeute est fondamentale, même si bien entendu nous considérons que notre toucher, notre regard, le ton de notre voix, nos gestes, la musique proposée, expriment déjà notre niveau de reconnaissance, et du reste le Sujet ne s’y trompe pas (les mimiques expressives de son visage, de ses gestes, de son sourire, ses vocalises à tonalité émotionnelle, ses mouvements spontanés à notre approche, quand nous allons le chercher sur son lieu de vie, témoignent largement du message de reconnaissance qu’il semble bien avoir reçu à travers l’engagement corporel). Les mots du thérapeute, cependant, apportent sans conteste une épaisseur émotionnelle complémentaire, pourvu qu’ils soient porteurs de paix et d’harmonie, ou comme le dit si joliment Jean-Pierre WAGUET, que ce soient « des mots qui déchirent les voiles de l’impossible, et offrent une intensité d’être qui donne au présent une valeur nouvelle ».                                 

Roland VALLÉE – Musicothérapeute, Psychologue clinicien                                                                                                                                

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